Jérôme
Revon,
un homme
d’image

Issu du langage télévisuel des réalisateurs, ce terme définit une technique où l’artiste agence, selon un ordre précis, deux voire trois images fragmentées en bandeaux horizontaux ou verticaux, formant ainsi une composition visuelle structurée.
Grâce à ce procédé, il déconstruit et recompose les images initiales pour en faire émerger une nouvelle, inédite et vibrante d’énergie.

Cette juxtaposition crée un dialogue visuel fait de contrastes, d’oppositions et de chocs graphiques, mais aussi d’harmonies et d’échos subtils. Elle révèle une alchimie unique entre l’instant figé et l’illusion du mouvement. L’artiste observe la ville dans toute sa complexité, entre l’agitation du trafic, le tumulte sonore et les instants de calme suspendus. Chaque prise capture une facette singulière du paysage urbain, jouant sur les tensions et les complémentarités : l’ancien dialogue avec le moderne, le monochrome se confronte à l’explosion des couleurs, le détail se fond dans une vision panoramique. La ville traverse le prisme d’un kaléidoscope et en ressort fragmentée, recomposée, mais toujours cohérente.

Prolongement naturel de ses Splits, les mosaïques de Jérôme Revon repoussent les limites de l’association d’images pour donner naissance à une véritable symphonie visuelle, à la fois foisonnante et rythmée. L’artiste privilégie les très grands formats, amplifiant ainsi l’impact et la puissance expressive de ses compositions.

Ce tissage visuel insuffle une énergie vibrante, intensifiant la dynamique de l’image et bouleversant les repères conventionnels. En déconstruisant toute hiérarchie de lecture, il invite le spectateur à une immersion totale où formes et couleurs s’imbriquent et s’animent dans un mouvement continu.

Les Mikado sont des tirages cartons découpés au laser comme jetés au hasard.

Tirage argentique sur papier Kodak Metallic contrecollé sur carton alvéolaire et collé sous plexiglass dans un caisson en bois peint en blanc.

C’est son travail qui résonne avec le Kodachrome et son fameux tirage Dye-Transfer en trois films noir et blancs superposés.
Ces productions utilisent effectivement une technique de superpositions de plusieurs images tirées sur papier baryté ET sur film transparent. Les couleurs et les formes se révèlent sous ce filtre délicat apportant sensualité et contraste à l’œuvre finale. Les photos de la série Película sont dotées d’une grande énergie, en partie liée à leur condition de création pendant le confinement de l’épidémie de COVID-19 où l’on rêvait de vibrations et de légèreté, mais aussi au choix de laisser libre le film transparent qui flotte comme un voile sur les tirages. D’une foule anonyme de Manhattan, aux enfants de Kigali en passant par le pas cadencé de la police de Pékin, Jérôme Revon photographie un quotidien sans hiérarchie, qu’il retravaille avec ce nouveau procèdé, faisant du banal une image iconique. 

Longtemps après leurs joyeuses années Canal+, quand Jean-Paul Rouve et Jérôme Revon se retrouvent autour d'un projet d’émission, ils se découvrent le même amour de la pellicule.

Assez vite, naît l’idée d’une double présentation du nouveau travail de Jérôme Revon et de l’hommage de Jean-Paul Rouve à son père, Marcel, passionné de photographie.

Comme sur la série Pelicula, il en résulte des toiles où le flou et le subtil dominent. L'anglais utilise la jolie formule de Still Life pour désigner une nature morte.

Ici c’est bien de VIE qu’il s’agit !

Lors d'un séjour insider au Japon en 2024, entre Tokyo, Kyoto et Osaka, Jérôme Revon a ramené avec lui bien plus que des clichés : il a découvert des papiers japonais d'une qualité extraordinaire. Fabriqués par la même famille depuis six générations, ils sont confectionnés à partir de matériaux naturels tels que le bambou, le coton et le chanvre. Appliqué à sa pratique des Splits, le résultat est une nouvelle création originale : des œuvres photographiques comme des toiles qui utilisent les creux et déliés des fibres, presque des estampes pour certaines.

Il s’agit cette fois de portraits urbains en plein cadre, sans recours au découpage. Cette série de tirages grand format réalisés sous procédé Diasec témoigne de plusieurs années de déambulations, notamment à Brooklyn et dans le Lower East Side de New York, à la recherche de véritables pépites.